S’orienter
Orientation precedes movement
Christophe Kihm
2018

An ongoing dialogue with a friend & mentor led to this text. Christophe Kihm is a writer-critic-professor based in Paris France.

“L’orientation précède le mouvement. S’orienter ne signifie pas aller quelque part en particulier, mais opérer un mouvement sans nécessairement rejoindre un but ou un objectif. La distinction qu’établit l’éthologie entre orientation et navigation souligne l’absence de principe préalable au fait de s’orienter, dont dépendrait le choix d’une direction. On peut, dès lors, considérer que s’orienter n’est pas le contraire de s’égarer ou de se perdre. Peut-être, même, ne marque-t-on pas de différence entre se perdre et se retrouver lorsqu’on s’oriente.

Dans les nombreuses ramifications qu’il a accordées à sa théorie de l’Umwelt, Jakob Von Uexküll a pu affirmer que « les animaux se découpent le cercle vital qui leur convient de la même façon que nous découpons des figures sur une feuille de papier. »1 Comme un couturier, l’organisme taille sur mesure un patron dans le tissu du monde, qui lui est toujours ajusté.

Un corps se définit par ce qu’il peut, ce qui est susceptible de l’affecter, à travers les actions et les rapports qu’il compose avec ce qui l’environne. L’unité de l’être vivant ne se situe pas au sein de son organisme ni ne se cache dans le réseau de son système nerveux. Elle s’affirme dans sa manière de performer les relations de signification qu’il entretient avec le proche et le lointain.

Un corps transporte avec lui le système de coordonnées qui favorise son orientation. Déplacé par ses mouvements, ce système peut rejouer ses dimensions dans de nouvelles significations et de nouvelles performances, qui augmentent les découpes opérées par l’organisme dans ce qui l’environne et étendent son monde. La plasticité de ces relations relève également de l’orientation.”

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“Orientation precedes movement. To orient oneself is to direct a movement, without necessarily having to correspond to a destination. In ethology, the distinction that is established between orientation and navigation highlights the absence of a precondition for orientation, while navigation strictly depends on the choice of a goal. We could consider, therefore, that orientation is not the contrary to getting lost. Perhaps, even, the actions of getting lost and finding one’s way are both folded into the act of orientation.

In one of the numerous ramifications he dedicated to his Umwelt theory, the biologist Jakob Von Uexküll affirms that “the animals cut out the vital circle which suits them in the same way that we cut out figures on a sheet of paper.”

Like a tailor, the organism measures-to-order a pattern cut from the fabric of the world, which is always adjusted to itself.

A body is defined by its powers and what might affect it, through the actions and relationships that it composes with its environment. The unity of a living being is not found necessarily within the organism itself nor is it hidden within its nervous system. Rather, this unity is affirmed in the way a living being performs relationships of meaning by interacting with those near and far.

The body transports its own system of coordinates which privileges its orientation. Shifted by its own movements, this system can replay its dimensions in new significations and new performances, which augment the boundaries directed by the organism in its surroundings and extend its Umwelt. The plasticity of these relations also belongs in the realm of orientation.”

-Christophe Kihm, 2018

Dot in the ocean, drawing as published in Strange Attractors

Dot in the ocean, drawing as published in Strange Attractors